Quelques rires viennent éclabousser les conversations feutrées de parents, engourdis par les derniers feux d’une glorieuse journée d’été et qui observent le chahut enfantin dans le bleu des piscines. Enroulée dans ma serviette chlorée, j’échange quelques nouvelles avec une amie, et dans le flot de notre conversation, glisse nonchalemment ne pas avoir grandi avec mon père biologique, qui s’est absenté très tôt dans ma vie.
Dans le sillage de cette confidence impromptue, une bascule dans le climat de notre échange se met en place : son regard est appuyé dans un bref silence, puis sur un ton de voix devenu à la fois moëlleux et grave, elle me dit simplement : “je me demande ce qu’il se passe pour toi là maintenant…en tout cas moi, cela me touche tellement de t’entendre dire cela et j’ai les larmes qui me montent au yeux…”.
Légèrement décontenancée, je reçois ses paroles comme une invitation à quitter la scène discursive, factuelle, intellectuelle et lever le rideau pour révéler le drame qui se joue quelque part en moi, coeur et corps, pour saluer la résonnance de mes mots, en prendre la juste mesure. En un instant et pour un instant, je suis centrée sur mes émotions avec l’impression d’exister et d’en avoir eu la permission.
Mon amie thérapeute formée à la TCÉ, a exporté sur un transat au soleil, cette manière d’être à l’autre et d’être à soi. Depuis, je marche dans ses pas et me forme pour m’en approprier l’engrenage, la phraséologie, le rythme et le plan de route. En séance avec mes clients, mes émotions sont des indicateurs somatiques précieux pour me guider dans l’accompagnement des leurs, afin de faciliter des interactions inédites avec leur monde interne. Les macro et micro interventions inhérentes à la TCÉ sont autant de leviers puissants pour comprendre les boucles adaptatives et réactionnelles dans lesquels les individus semblent emmurés, et pour assainir, apaiser la relation à soi et à l’autre, avec en toile de fond essentielle, l’indispensable notion d’attachement sécure.
Je ne m’attendais pas à une telle révélation…sur un transat au soleil.